Séminaire des Thanadoulas
- Sylvie, Thérapeute, Thanadoula Palliathérapeute

- 20 oct.
- 7 min de lecture
(2/2) – Des espaces d’âme et de lien.

Après le tissage, la transmission et ce sentiment d’appartenance partagés dans le premier volet de cet article de blog, vient le temps des rencontres.
Ce second chapitre du Séminaire des Thanadoulas, en Bretagne, ouvre sur la richesse humaine, la créativité et la profondeur de ce que nous avons vécu ensemble, là où le lien s’est fait présence… et la présence, mémoire.
Des espaces d'échanges et de réflexions.
Nathalie Fouqué, accompagnée de Gwenaela nous a accueillis lors d'une cérémonie d'ouverture mêlant symbolique et simplicité. La naissance du séminaire a été célébrée dans la joie de belles retrouvailles. Le lien au cœur de ce séminaire, pour preuve ce fil rouge noué à notre poignet gauche. Un sourire car c'est un rituel que nous avons fait lors du décès de mon père, certes avec une autre symbolique mais quand même… une synchronicité pleine de sens.

Cynthia J. Brunelle, notre directrice de la Faculté Fin de Vie a animé un atelier créatif nous mettant immédiatement en situation professionnelle dans le collectif. Sa proposition a subtilement soutenu l'intention de créer du lien et de nous reconnaître dans notre légitimité. Cette entrée en matière ne pouvait que me ravir, vous vous en doutez bien… créer.
Elle a pris part au côté de Nancy, Rémi et Delphine, de l'école Cybèle à un temps de questions-réponses, très concret où naturellement les notions d'argent, de reconnaissance et de légalité au niveau des statuts professionnels ont émergé.
J'ai mesuré, à cet instant, combien l'expertise de nos formatrices était gage de la qualité de la formation que nous avons suivie ou suivons afin de prendre notre place dans la communauté des thanadoulas.
Je l'annonce comme un de mes coups de cœur de ce séminaire : Les Flories.
Frédéric Piron, partenaire financier sans lequel le séminaire n'aurait pas eu lieu, nous a présenté son concept pour accompagner le deuil : les Flories.
Sa devise « Semer comme on sait aimer ». Comme le précise la plaquette qu'il nous a transmise, « semer des Flories est une démarche symbolique, thérapeutique et écologique, qui s'apparente à un rite funéraire. » J'ai ressenti tout ce que ce geste « semer cette boule de graines prêtes à germer » porte d'humanité, de beauté et de réconfort.
Je mesure le champ des possibles que les Flories ouvrent à ma créativité dans les rituels à proposer aux familles et au proche mourant.
Nos lendemains, c'est l'entreprise de Cyrille Merlet. Il est créateur d'hommages. Vous retrouverez sa présentation sur son site. Comment ne pas être en résonance avec ce que porte Cyrille : l'art au service de l'accompagnement de chaque fin. La vision qu'il a du souvenir, de son importance dans le processus de deuil, le rayonnement de son cœur qui vient chercher le vôtre sans même crier gare se reflètent dans ses créations, objets commémoratifs et cérémonies, entre autres.
Jean-Pier Gravel est venu avec sa famille, tout spécialement du Canada pour mettre en avant le Département des moments. Il a su charmer certains d'entre nous avec ses talents d'orateur et initier un développement de son entreprise en Europe et pour commencer en France.
Mon autre coup de cœur, et j'espère bien pouvoir vous le faire découvrir prochainement, c'est le spectacle qui nous a été offert : « Tu sais… la Vie », Solo clown.
Aurélie Mornand y interprète Gwendoline, une clown qui parle de Vie en parlant avec les morts. Je suis encore tellement chamboulée en y pensant que j'ai du mal à poser des mots. Oui, ça peut m'arriver ! Tout y est dans ce spectacle : contre-pieds aux idées reçues sur la mort, vulnérabilité, rage, tendresse, espoir… Aurélie est venue nous cueillir, nous envelopper et nous déposer dans sa bulle tout en parlant à chacun de nous personnellement. J'ai vécu un moment suspendu, vraiment, il faut le vivre pour comprendre… c'est ce que je vous souhaite.
Visibilité où Parler de la mort autrement, ceci a été abordé lors des présentations successives de :
Thana-Nanou, Stéphanie Sounac, auteure du livre « Les yeux qu'on ferme », Édition 41. Elle est venue parler de son métier de thanatopractrice. Elle est restée avec nous tout le week-end et nous a offert quelques pistes de réflexion dans la place que nous pouvons prendre dans l'accompagnement de la fin de vie et de la mort.
J'ai beaucoup apprécié sa présence discrète et juste.
J'ai aimé la sincérité de sa considération pour notre métier. J'ai décidé de lire son livre pour mieux connaître son parcours et ce qui l'anime… à suivre.
Noémie de Mul, Noe Mieux vivre sa fin de vie. Noémie est doula de fin de vie itinérante, elle se déplace dans son camion pour rejoindre ceux qui l'appellent et qui souhaitent sa présence. Gwenaela m'avait parlé de son amie Noémie, personnellement, je ne la connaissais pas. Il faut dire qu'elle arpente le chemin de la communication active sur les réseaux, notamment Instagram où je vais que très peu (c'est en train de changer).
Je vous laisse aller la découvrir. Vraiment, son approche est ressourçante.
Son regard, son sourire, sa présence ouvrent un espace doux et joyeux à celui qui marche sa fin de vie.
Je n'ai finalement pas échangé verbalement avec elle et j'espère que la vie m'offrira cette opportunité. Néanmoins, je garde en moi que sa personnalité apaise, régénère, redonne de l’énergie. Un moment privilégié, lorsque nous lui avons proposé de danser avec elle… car ça, c'est son truc… ce petit truc en plus.
Et bien sûr Gwenaela et Nathalie, initiatrices du projet qui ont guidé un atelier consacré au métier de thanadoula et aux perspectives d'un collectif pour travailler et avancer ensemble. Elles ont su allier témoignages intimes et recherches informatives poussées pour nous éclairer sur la réalité de la reconnaissance du métier et le travail que cela allait être pour nous de prendre notre place dans le domaine professionnel. Elles ont ouvert une route que chacun de nos chemins peut rejoindre pour avancer ensemble.
De ces moments est née une évidence : nous partageons toutes le même désir de faire reconnaître notre métier, de trouver des espaces concrets d'exercice de notre profession et surtout, le désir de tisser ensemble une communauté vivante, solidaire et engagée.

Des espaces d'intimité et de découverte
Pour beaucoup d’entre nous, c’était la première fois que nous nous rencontrions « pour de vrai ». Jusqu’ici, nos visages n’existaient qu’à travers les écrans de Zoom, lors des soirées Questions & Réponses proposées par Cynthia aux élèves de la Faculté Fin de Vie et aux thanadoulas certifiées, toujours conviées à ces précieux temps de partage.
Nous connaissions les voix, les regards à travers la caméra, les silences avant de prendre la parole… mais pas la chaleur de la présence, la texture de l'étreinte, ni le rythme singulier de la respiration de l’autre.
Ce séminaire a ouvert ces espaces d’intimité. Il a permis de faire tomber la distance et de connecter des êtres à des noms.
J'ai trouvé touchant de voir que ce qui se vivait jusque-là dans le cadre formel d'un écran prenait vie dans un mouvement spontané.
J'ai senti qu'il y avait de la joie dans ces retrouvailles inédites, une émotion simple, celle de se reconnaître enfin, autrement.
Chacune portait avec elle et en elle, sa palette de couleurs : ses mots, ses outils, ses élans, sa manière d’être au monde et d’accompagner. C’est là que s’est révélée la richesse de nos rencontres : celle de la diversité vivante de nos pratiques à l'image de nos parcours, nos personnalités, nos croyances aussi. Certaines viennent du soin, d’autres de la thérapie, d’autres encore de l’art, de la musique, du sacré ou du social et nous sommes toutes animées par un même souffle.
En nous rencontrant, nous avons pu mesurer la richesse de ce tissage pluriel et cette façon unique qu’a chacune d’apporter sa note au chœur collectif.
Ce fut un temps de rencontre humaine avant tout, fait de rires partagés, de confidences discrètes, de regards qui disent plus que les mots. Un temps où nous nous sommes laissées découvrir, où nous nous sommes autorisées à être simplement nous-mêmes, sans rôle, sans posture.
La magie a opéré et de cette simplicité-là est née une profondeur rare.
Créer la cérémonie : un tissage d'âme à âme, un tissage de sens

Quelque temps avant le séminaire, Gwenaela m'a proposé, avec la douceur et l'attention que je lui connais de cocréer la cérémonie de clôture avec Aline, biographe de fin de vie et thanadoula. Elle décide alors de nous laisser carte blanche en nous précisant, tout de même, qu'elle aimerait que ce soit une célébration funéraire symbolique.
Touchée par sa confiance, j'ai ressenti immédiatement une vague d'excitation mêlée d'émotion. J'allais participer activement au séminaire. J'allais créer, célébrer… rendre hommage. Quel cadeau !
Avec Aline, la simplicité et le naturel ont été instantanément au rendez-vous. Une nouvelle évidence. C'est dans la douceur et la profondeur que nos idées et nos sensibilités se sont rencontrées. Je crois vraiment que notre expérience et notre complicité ont su sublimer le tissage des liens révélés lors du séminaire.
Chaque journée est venue nourrir et modeler notre cérémonie. A moi, la trame et le rituel ; à elle, le récit de la naissance et de la mort symbolique du séminaire. Et dans cette notion, chère à mon cœur, d'espace ouvert où il y a de la place pour tous, j'ai proposé à Lara, thanadoula de jouer de son violoncelle et à la dernière minute à Cyrille, créateur d'hommages d'intégrer ses objets commémoratifs et un rituel d'ouverture à la cérémonie.
Nos mots et nos présences ont fait de la cérémonie le reflet vivant de ces trois jours, un espace où les émotions ont pu se vivre, où une nouvelle lueur dorée est née.
Le texte puissant d'Aline, le son profond du violoncelle de Lara, la force du rituel de Cyrille, la vibration du tambour, ma voix, le mantra « A ma place » et votre présence à tous, ont ancré à jamais dans nos cœurs et nos souvenirs, la réalité vécue en terre bretonne. Cette terre où le visible et l’invisible dansent ensemble depuis toujours. Oui, c'est ici que nous avons célébré à notre manière la vie qui s’efface et celle qui renaît, rappel silencieux que la vie et la mort partagent, au fond, le même rivage.
Cette cérémonie comme ce séminaire…
Un moment de lien, d'ancrage et de présence.
Un moment de tissage, de connexion et d'harmonie.
Une célébration de nos passages et de nos devenirs…
à l'image de l'accompagnement authentique que proposent les thanadoulas.
“À nous, désormais, de continuer à tisser, à faire vivre ce «nous» dans la vie, dans nos accompagnements, dans nos voix.”
Crédit photos
Nathalie Fouqué
Cynthia J. Brunelle
Noémie de Mul
Gwenaela Souet-Bereiziat
Sylvie Di Scala









































Chère Sylvie,
merci infiniment pour tes magnifiques mots qui me font revivre le séminaire presque 5 semaines après !!! Tu as tellement bien décrit tout ce qu'il s'y est passé, tout ce que nous avons vécu et ressenti ! 🥹
Je savais que c'était la meilleure idée de te confier l'organisation de la cérémonie de clôture avec Aline ! Ce que je ne savais pas, c'est à quel point elle serait magnifique et combien elle m'a bouleversée. Ces trois jours intenses se sont terminés par une fusion des coeurs au rythme de tes mots chantés et des sons de ton tambour.
J'ai hâte de créer d'autres évènements, d'autres occasions qui nous rapprocheront aussi magnifiquement, aussi intensément🫶.
Ton tambour ne me…
Sylvie, comme tes mots sonnent juste! Entre ce que tu racontes et ce que tu livres de tes impressions, c’est tout le séminaire qui se rejoue dans mon esprit.
Des rencontres sensibles, des échanges enrichissants, un lien tissé «à jamais» ?!
C’est une belle toile que nous avons su tisser ensemble, pour nous connecter en harmonie ⭐️