Séminaire des Thanadoulas
- Sylvie, Thérapeute, Thanadoula Palliathérapeute

- 13 oct.
- 5 min de lecture
(1/2) – Tisser, transmettre, appartenir.

Il y a des rendez-vous qui s'imposent d'eux-mêmes. Celui du Séminaire des Thanadoulas en fait partie.
Le séminaire des Thanadoulas est annoncé sur le groupe des élèves de la Faculté Fin de Vie de l’École internationale d'accompagnement Cybèle. Je ne m'en souviens pas vraiment mais peut-être avait-il déjà été évoqué lors d'une de nos soirées mensuelles « Q&R » initiées par Cynthia, notre directrice et formatrice.
A l'origine de ce bel élan, Gwenaela et Nathalie, deux thanadoulas certifiées de l'école. Elles ont œuvré durant une année entière pour donner corps à cette rencontre. Et quelle rencontre ! Je suis admirative de leur dévouement et de leur implication sans faille. Avec la semaine de recul, post séminaire, je crois vraiment qu'elles ont su nous inspirer et nous offrir un souffle nouveau.
C'est en Bretagne, à Ploemel, au cœur du Morbihan, que nous nous retrouvons, du 3 au 5 octobre 2025, dans ce lieu paisible qu'est l'Hôtel du Golf de Saint-Laurent, un lieu où le calme, la douceur et surtout l'accueil nous invitent à nous sentir comme à la maison. Je l’ai même écrit dans le commentaire laissé sur Google : je n'aurais jamais pensé trouver une présence si humaine avant que le séminaire commence. J'avais tort. Je suis encore touchée par l'attention délicate et rare accordée par Sandrine et son équipe.

Habituellement, à cette période de l'année, je prépare ma valise et mes maillots de bain, direction la Guadeloupe. J'y co-anime la retraite Terre Sauvage organisée par Emmanuelle Guiard Paulos. Mais cette fois, la destination prend un autre cap, ce sera le Morbihan, terre d'embruns et de granit, lieu de passage entre les mondes… tiens tiens, pas anodin tout ça !
Autour de moi, les regards se font interrogateurs parfois même incrédules : la Guadeloupe remplacée par la Bretagne ? Je me souviens des grands yeux ébahis de Gwenaela quand je lui ai dit que mon choix était fait. Incroyable, et pourtant… tout en moi sait déjà que ma place est là-bas.
Bon, je vous l'avoue ici, je devais aussi prendre mon maillot mais je l'ai oublié, oups !!! la piscine chauffée, du même coup, pas pour moi. D'autres choses sauront réchauffer mon cœur et mon corps.
Mon voyage : entre lâcher-prise et alignement
Même si ma présence s'est posée comme une évidence, le voyage jusqu'à Ploemel, lui, a tout eu d'un parcours initiatique. Sur la carte, j'ai tracé avec soin mon périple : le 2 octobre, je quitte Marseille pour Nantes en avion. Ensuite je prends le bus jusqu'à la gare SNCF puis le TER direction Auray, avant de retrouver Denis, le mari de Gwenaëla qui me conduira jusqu'au lieu du séminaire.
Quelques jours avant, la grève générale annoncée pour ce jour-là sème le doute : partir la veille ? Le lendemain ? Ne pas y aller ? Ne pas y aller… hors de question.
J'observe, je cherche, je m'informe… j'attends.
Les nouveaux outils, comme le contact WhatsApp avec un conseiller, deviennent de précieuses sources d'informations.
Je m'installe avec ma seule certitude : j'irai… et à ce moment-là, forte de cette évidence, je lâche prise.
Je décide de voir et de faire avec ce qui se présentera.
Finalement, tout s'aligne. Le trajet se déroule dans une douce et vivifiante fluidité.
Je prends le temps de m'observer et je constate que j'ai « bien grandi », ma sécurité intérieure est devenue une amie essentielle dans ce que j'entreprends.

Mon arrivée anticipée, prévue à l'origine pour retrouver Gwenaëla, m'a offert un temps suspendu et la joie de rencontrer Aline, avec qui je dois créer la cérémonie de clôture du séminaire.
Petit clin d’œil de la vie, je vous le partage ici. La personne avec qui j'échangeais pour m'assurer du maintien de mon vol aller Marseille-Nantes, me rassure… en m'indiquant que la grève des contrôleurs aériens est finalement prévue du 7 au 9 octobre… et le 7 c'est le jour de mon retour de Bretagne. La blague ! Ce n'est pas le sujet, mais la blague s'arrêtera à cette annonce puisque je suis rentrée chez moi sans souci et comme convenu.
Cet article de blog est mon témoignage, le témoignage d'une thanadoula présente, avec d'autres au séminaire. Une thanadoula venue avec pour seul bagage son sac à dos et… son cœur battant à l'unisson avec le tambour chamanique créé pour l'occasion et qui représenterait, espérait-elle, la vibration d'un collectif à venir.
Un séminaire pour tisser, transmettre et appartenir
Plus de trente participants sont venus des quatre coins de France mais pas que, également du Canada, de Belgique et de Suisse. Nous nous sommes retrouvés pour vivre ensemble trois jours de transmission, d'appartenance et de reconnaissance. Cette dernière est celle d'un métier encore émergent, d'une vocation qui s'enracine dans la diversité et l'unicité de chacune (ici, nous n'étions que des femmes thanadoula).
Tisser
J'ai senti dès les premières heures que quelque chose s'est mis à tisser, et ce, pas uniquement entre nous. Je dirais à travers nous. Paradoxalement, ce tissage laissait paraître une toile invisible faite de regards, de silences, d'échanges, de larmes et de rires aussi.
Ce séminaire n'était pas un simple rassemblement, il était une œuvre collective en mouvement. Chacun y apportait sa couleur, sa manière d'être au monde, son histoire avec la mort et de ce fait, avec le vivant et la présence.
De ce tissage est née une trame commune, à la fois solide et souple.
J'ai adoré voir ce tissage accueillir toutes nos différences sans chercher à les lisser ou les gommer.
Il y avait dans l'air comme une mémoire ancienne, celle des femmes et des hommes qui, de tout temps, accompagnaient les passages, tenaient la main, gardaient la flamme pour éclairer ce chemin de la mort. Nous, nous étions là, dans cette continuité, à renouer avec ce fil essentiel, celui du lien.

Transmettre
Dans ma vision de la transmission, une part de soi est offerte en sachant qu'elle vivra ailleurs et autrement.
Tout au long du séminaire, la transmission était présente. Elle ne s'est pas faite dans un sens unique du « sachant » vers « l'apprenant », de « l'expérimenté » vers « le débutant » mais dans une réciprocité vivante.
Les ateliers, les conférences, les échanges informels autour d'un café ou lors des repas étaient autant de terrains fertiles où les savoirs, les expériences et les intuitions s'entremêlaient.
Les intervenants ont nourri nos réflexions, c'est sûr, mais à mon sens, la transmission la plus profonde était ailleurs. Je la voyais dans des gestes simples, une présence partagée et surtout, très important pour moi, ceux qui me connaissent le savent et vous maintenant aussi, dans des regards qui disent « je te vois dans tout ce que tu es ».
Ce séminaire a permis à chacune de mesurer le chemin parcouru, de reconnaître la valeur de son propre savoir, de sa posture et de sa pratique. Cette reconnaissance-là, intime, concrète et sans jugement avait la saveur d'un apprentissage.
Appartenir
Il y avait aussi ce sentiment d'appartenance. Alors, pas dans le sens d'appartenir à un groupe fermé, ni à une étiquette toute jolie mais à une trame plus vaste, à une vocation commune.
Pendant ces quelques jours, j'ai ressenti cette appartenance non pas comme une perte d'autonomie mais plutôt comme un souffle partagé. Cette appartenance qui permet de se savoir relié. Dans chaque espace, et pourtant sans raison particulière, j'ai senti que ma présence comptait, que ma voix s'inscrivait dans un chœur vibrant et vivant.
Nous n'étions plus des « je » isolés. Nous étions un « nous » en train de naître.
Ce « nous » des thanadoulas, encore fragile certes, déjà vibrant pourtant. Ce « nous » s’inscrivait dans la lignée de celles et ceux qui, depuis toujours, œuvrent avec humilité et présence, là où la vie s’efface doucement.

Ce séminaire a donné corps à cette appartenance par une reconnaissance mutuelle, une force douce, un élan collectif. Dans ce sentiment d'unité, quelque chose de plus grand s'est posé, une promesse peut-être de faire vivre, ensemble, ce métier encore jeune mais profondément nécessaire.
Ces trois jours ont donné naissance à un « nous » en devenir. Le reste… s’est vécu dans la beauté simple des rencontres et dans la magie du lien.
Crédit photo - Cynthia J. Brunelle





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