Retour aux sources : mon voyage au Maroc.
- Sylvie, Thérapeute, Thanadoula Palliathérapeute
- 31 mars
- 8 min de lecture

Entre Marrakech et le désert, la Retraite Human.
Ce voyage au Maroc a été bien plus qu'une simple aventure touristique ou même professionnelle. Cela a été un retour à mes racines, un défi personnel et physique aussi. Marrakech et le désert m'ont offert, comme chacune de mes aventures, des souvenirs inoubliables et des expériences de vie précieuses. Ce périple m'a permis de reconnecter des parts de moi que j'avais mises à distance, de renforcer ma résilience et de reconnaître un peu plus encore ma sécurité intérieure. Une expérience d'émerveillement et de retrouvailles.
Dès le survol de Marrakech, une émotion s'invita. Je me rapprochais de la terre maternelle quittée par mes ancêtres, dans la contrainte, la peur et la souffrance. Ceci explique la mise à distance. Et c'est après une journée passée à Marrakech que le transfert en minibus était programmé : direction le désert saharien.
Avant de parler du trek, organisé par Racines du désert en parallèle de la retraite spirituelle « Human », j'aimerais poser quelques mots sur ce court séjour en ville.
Marrakech : la porte d'entrée

Marrakech. Ce qui m'a frappée ce sont les grandes portes, trésor architectural, elles ouvrent sur des ruelles animées et des souks colorés, aux senteurs enivrantes Je trouve que c'est une ville qui captive tous les sens et ne laisse pas indifférent. Dès mon arrivée, j'ai été happée par l'effervescence de la place Jemaa el-Fna, où les charmeurs de serpents côtoient les vendeurs d'épices et de jus de fruits frais. Cette ville est un véritable lieu de brassage humain, chaque coin de rue raconte une histoire. Pour moi, le Maroc semble être une terre de contrastes et de mystères, et cette ville en est le reflet. J'y ai vécu, en quelques heures, la ronde folle de sentiments divers : fascination et répulsion, calme et tumulte, culture ancienne et modernité effarante… et du monde, du monde, du monde ! Et la cuisine, un délice !
Marrakech s'est posée telle une porte franchie vers la réalité des histoires racontées par ma mère et ma grand-mère : les terrasses des maisons, les oiseaux offrant leur douce mélodie, les odeurs, les couleurs… Cette ville a été le point de départ de mon immersion dans l'immensité du désert. Je ne pensais pas que cette immersion commencerait dans ce désert personnel que j'avais construit avec le temps et dont je découvrais la richesse et la beauté. En quittant Marrakech, j'avais la sensation de comprendre ce que ma mère avait perdu en quittant sa ville, Oran, sa vie. Une émotion de tristesse m'envahit alors en regardant défiler le paysage et en voyant la ville s'éloigner. Je laissais couler les larmes. Mes larmes laissaient place à mon émerveillement et ma joie de me rapprocher de ce rendez-vous professionnel tant attendu : la retraite spirituelle Human qui nous conduisait au cœur du désert saharien.
La retraite Human : voyage au cœur de l'humilité.
La retraite « Human », organisée par Emmanuelle Guiard-Paulos avec qui je la cocrée et la coanime a pour but de nous reconnecter avec notre essence profonde, loin du tumulte de la vie moderne. Elle nous invite à contacter notre ressource première l'adaptabilité. Elle se pose comme un retour à l'essentiel et une rencontre avec les peuples autochtones des pays et régions visités. Chaque atelier a été un moment fort pour chacun de nous, venant ancrer à jamais l'expérience vécue.
Ce rendez-vous promettait une nouvelle fois, d'être une expérience de transformation pour beaucoup. Le désert, par sa simplicité et sa grandeur offrait le cadre idéal pour revenir à soi et vivre pleinement le seul ensemble.
Chaque journée commençait par une marche de quelques heures. Nomades, nous traversions les différents paysages du désert, je retrouvais ici le Maroc et ses contrastes. Le trek nous menait d'une terre aride avec une végétation adaptée aux dunes de sable aux formes diverses, parfois imposantes. Personnellement, je voyais surtout qu'à chaque pas, je me rapprochais de cette barrière rocheuse derrière laquelle se cachait la terre de naissance de mes ancêtres maternels : l'Algérie. C'était émouvant, je savais que je n'y allais pas et pourtant je sentais sa présence, je sentais le lien existant que j'avais si longtemps nié.
Au cœur de la caravane, guidés par les nomades nous avancions sans savoir où nous allions, sans savoir pour combien de temps la marche s'engageait. Et tout était normal : la chaleur, le vent, l'effort, l'inconnu.
Le désert invite vraiment à faire le point avec soi, il permet d'actualiser notre carte pour voir où nous en sommes vraiment dans notre trek intérieur. Le désert s'est posé comme un défi physique aussi. Chaque pas dans le sable venait nous parler de nos ressources, de notre détermination, de notre lâcher-prise et surtout de notre sécurité et notre calme intérieurs.
Le désert, par son immensité et sa beauté brute nous a offert une connexion profonde avec la nature. De mon côté, j'ai pu y vivre, en haut de la dune, dans la danse du sable orchestrée par un vent puissant, le processus naturel entraînant la formation des dunes et leurs déplacements. J'étais une enfant, dans une joie et une gratitude infinies. Et les nuits passées sous les étoiles, je vous en parle, oui je vous en parle. Elles étaient bercées par le silence et la fraîcheur du soir, elles étaient éclairées par un nombre incalculable d'étoiles et une lune impressionnante. Elles étaient des moments de pure magie.
Nous nous sommes laissés porter par le programme de la Retraite spirituelle Human. Les premiers pas dans le désert ont ouvert sur l'expérience du « Seul, je suis un grain de sable, ensemble nous sommes le désert ». La journée suivante nous a invité à explorer notre humanité en nous interrogeant sur « quel humain suis-je ? Quel humain je veux être ? » Pas à pas, nous avons pu expérimenter l'immensité comme ressource avec la notion « l'immensité du vide, ressource de mon plein ». En terminant sur une magnifique constellation de l'humanité et plus particulière de Human dans ce que chacun a vécu et est porteur.
Cette retraite, même si elle prend place dans le domaine thérapeutique de mon activité, m'a amené à un parallèle intéressant. Je vous en fais part dans ce qui suit.
La traversé du désert et le chemin du deuil : un parallèle inspirant
La traversée du désert lors d'un trek et le cheminement du deuil sont deux expériences profondément transformatrices qui, bien que différentes dans leur contexte, partagent des similitudes frappantes. Ces parallèles peuvent aider à mieux comprendre comment des voyages intérieurs et extérieurs nous enseignent la résilience, la patience et la découverte de soi.
Le désert et le deuil : l'acceptation de la réalité
Lorsqu'on s'engage dans un trek dans une traversée du désert, la première étape est de concrètement prendre en compte la réalité de l'environnement. Le désert est un lieu de contrastes : chaleur intense le jour, froid la nuit, aridité omniprésente, « rien » à perte de vue. Le trek en lui-même pousse aux efforts physiques et à une prise de conscience de ses ressources. Considérer toutes ces conditions est crucial, c'est ce qui permet de s'y adapter et survivre.
Sur le chemin du deuil, la réalité à prendre en compte est la perte. Que ce soit la perte d'un être cher, d'une relation ou d'une partie de soi-même, reconnaître cette nouvelle réalité et s'y adapter pour survivre ouvre le chemin de l'acceptation et de l'apaisement. Le processus de deuil est naturel, il porte ces conditions comme le désert porte les siennes. Tout s'engage dans ce processus psychique, même le corps. Il est parfois difficile et douloureux de gravir les dunes ou même de marcher dans le sable, le renoncement et la lassitude peuvent venir montrer le bout de leur nez et pourtant il faut avancer... regagner le point de ralliement et retourner au camps fixe. Il en va de même pour le processus de deuil balayé par une tempête émotionnelle.
Le désert et le deuil : « seul ensemble » et l'introspection
La traversée du désert est porteuse de cette notion chère à mon cœur, couleur de mon accompagnement professionnel, celle du « seul ensemble ». La solitude peut être à la fois vécue comme un défi et une opportunité. Elle permet un introspection profonde, loin des distractions du monde moderne. C'est un moment pour se reconnecter à soi-même, réfléchir à ses valeurs et à ses priorités, à ce qui a encore du sens et de l'importance. Le ensemble s'anime surtout dans le besoin, le soutien, la présence et l'entraide. Le deuil résonne avec cette notion du « seul ensemble ». Le cheminement du deuil est également une expérience solitaire. Même entouré de proches, la douleur est personnelle et intime. Cette solitude peut être un espace pour explorer ses émotions, comprendre sa souffrance et trouver un sens à cette nouvelle réalité, impact de la perte. Cependant comme dans le désert, dans le deuil, la présence de l'autre est précieuses même si elle est silencieuse, le soutien est indispensable pour éviter de s'écrouler ou renoncer. Dans les deux cas, l'expérience est personnelle et donc se vit seul mais le ensemble reste un filet de sécurité fondamental.

Le désert et le deuil : la résilience face aux épreuves
Le désert et sa traversée peuvent mettre à l'épreuve la résilience physique et mentale. Ils viennent solliciter l'endurance parfois la persévérance. Chaque pas dans le sable peut être vécu comme un défi et aussi une victoire. Cette victoire vient parler de notre détermination à ne pas se lâcher la main, à ne pas s'abandonner alors que tout semble difficile et sans repère. L'épreuve émotionnelle que représente le deuil demande aussi une grande résilience. Ces vagues émotionnelles, telles des tsunamis peuvent paraître insurmontables, comme quand on se retrouve au pied de la dune à gravir. Et comme chaque pas fait dans le désert, chaque jour passé au cœur du cheminement qu'est le deuil, est une étape vers la reconstruction, un pas vers soi. Le deuil nous enseigne que nous sommes porteurs de toutes les ressources nécessaires pour continuer malgré la douleur.
Le désert et le deuil : la beauté dans l'adversité
Le désert, malgré son apparente austérité recèle une beauté unique. Les paysages épurés, le ciel étoilé et les moments de silence profond apportent à qui sait le voir une sérénité incomparable. Arriver à voir cette beauté change totalement la perception de l'environnement. Le deuil, bien que souvent douloureux, peut révéler des aspects positifs. Il peut renforcer les liens entre les proches, révéler des forces insoupçonnées et offrir une nouvelle perspective sur la vie. Lors du cheminement du deuil, ouvrir son esprit à une possible beauté à vivre et faire tomber les barrières des croyances offrent d'infinies possibilités pour vivre les choses autrement.

Le désert et le deuil : la transformation intérieure
La traversée du désert terminée, la boucle est bouclée… et c'est le temps de regarder en arrière, de reconnaître et de valider le chemin parcouru. Et comme la boucle est bouclée, d'autres aventures nous attendent, la transformation ouvre la continuité du chemin. A la fin du trek, nous ne sommes plus les mêmes personnes. L'expérience nous a transformés, renforcés et enrichis. Le désert laisse une empreinte indélébile, une leçon de vie sur la simplicité et l'essentiel. Le cheminement du deuil est également un voyage transformateur. Il change la manière de voir le monde, de ressentir et de vivre. Il enseigne à chérir les moments présents et à trouver un nouvel équilibre dans cette réalité transformée.

La traversée du désert et le cheminement du deuil sont deux voyages qui, bien que différents, partagent des leçons universelles. Ils nous enseignent l'acceptation, la résilience et la capacité à trouver la beauté dans l'adversité. Ces expériences transformatrices nous rappellent que même dans les moments les plus difficiles, il y a toujours un chemin vers l'apaisement et l'équilibre.
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