Suis-je proche aidant ?
- Sylvie, Thérapeute, Thanadoula Palliathérapeute
- 17 mars
- 7 min de lecture

Cela faisait un bon moment que je n'avais pas eu de pause « article de blog », généralement j'en publie un chaque semaine. Je m'étais mis en tête d'écrire sur mon voyage dans le désert marocain et sur la retraite Human vécue il y a maintenant plus de deux semaines. J'avais déjà écrit un article avant de partir, vous pouvez le retrouver ici.
Mais voilà, à mon arrivée, une invitée inattendue… la grippe. Elle a éteint insidieusement mon inspiration.
Puis un évènement de vie on a fait que l'expérience m'a amenée à expérimenter une nouvelle fois le rôle d'aidant familial. C'était prévu et choisi, même programmé, je peux dire. Au moment de la publication de cet article, je le vis encore avec ma sœur et mon frère et j'avoue que j'apprécie beaucoup de pouvoir accorder ce temps à ma famille, et que je suis heureuse de vivre cela avec ma fratrie.
Chiffres clés des proches aidants en France
Beaucoup d'entre nous ont ou ont eu ce rôle de proche aidant, parfois même sans le savoir. En effet, pour beaucoup, aider un proche parent va de soi et reste une fonction naturelle.
Selon les chiffres publiés par la DREES en 2023, Service ministériel de statistiques dans le domaine de la santé – Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques – il y aurait entre 8,8 et 11 millions de proches aidants en France.
Lors d'une des dernières séances que j'ai eue, j'ai pu constater une nouvelle fois combien les gens concernés ne sont pas informés et ne connaissent même pas cette appellation et donc encore moins les droits qui vont avec ce statut.
« 8,8 millions d’adultes et 0,5 million de mineurs âgés de 5 ans ou plus sont proches aidants, soit respectivement une personne sur six et un mineur sur vingt. Le pourcentage de proches aidants culmine aux alentours de 60 ans : entre 55 et 64 ans, une personne sur quatre est concernée. L’aide régulière apportée peut prendre la forme d’une aide dans les activités de la vie quotidienne, d’un soutien moral ou d’une aide financière. L’aide la plus fréquemment déclarée est le soutien moral (6,4 millions de personnes âgées de 5 ans ou plus, dont 368 000 mineurs), puis l’aide à la vie quotidienne (5,7 millions de personnes, dont 308 000 mineurs) et l’aide financière (1,3 million d’adultes). »
Extrait de l'article paru sur le site de la DREES.
C'est donc bien de cela dont je vais vous parler dans cet article de blog : les proches aidants.

Quelle est la différence entre proche aidant et aidant familial ?
Comprendre les termes et leurs implications légales
Il faut savoir que la dénomination proche aidant est réservée aux personnes qui ne sont ni des aidants professionnels, ni des bénévoles d'une association. Aucun lien familial entre l'aidant et l'aidé n'est obligatoire. Aussi sans lien familial, le terme usité sera proche aidant, avec un lien familial existant, le terme d'aidant familial est préféré.
Quels sont les obligations et les droits du proche aidant ?
Responsabilités et devoirs des proches aidants
Le proche aidant est avant tout le garant du maintien à domicile de l'aidé. Il veille à sa sécurité et à son bien-être. Il a un rôle de protecteur. Il a l'obligation de respecter les choix de la personne soutenue, de respecter sa volonté et également son autonomie dans la mesure du possible.
L'aide apportée par l'aidant peut être de différentes natures : soutien émotionnel, soutien social (estime de soi etc.), soutien organisationnel, soutien administratif, soutien financier.
Il est bon de savoir qu'il peut y avoir autant de proches aidants que de besoins spécifiques.
Son devoir est aussi de veiller à sa propre santé et à respecter ses compétences et surtout ses limites. Se respecter soi-même pour pouvoir être pleinement là pour l'autre.
Les droits du proche aidant
Statut légal et droits associés
Un statut légal de proche aidant existe. Une déclaration est à faire auprès du Conseil départemental. Cette démarche est assez simple puisqu'il vous suffit d'envoyer une lettre recommandée avec accusé de réception au Conseil départemental. Cette lettre n'est autre qu'une attestation sur l'honneur mentionnant que vous êtes proche aidant ou aidant familial d'un proche. Il vous faut spécifier les nom et prénom de l'aidé ainsi que la nature de votre relation. Egalement doit apparaître sur ce courrier dans quel cadre cette aide est nécessaire, vous pouvez préciser ainsi la pathologie dont la personne souffre ou son handicap, perte d'autonomie etc.
Même si la démarche est simple, étoffer le dossier peut être judicieux. Ainsi, vous pouvez joindre une attestation du médecin traitant ou spécialiste prouvant du besoin légitime d'aide et de la perte d'autonomie. Egalement, tout ce qui peut justifier de votre changement de situation (si c'est le cas) en tant que proche aidant : modification du temps de travail, déménagement si vous venez vivre avec l'aidé, justificatifs de déplacement si vous faîtes des trajets importants et fréquents entre votre domicile et celui du proche aidé etc.
La déclaration du statut de proche aidant
La déclaration peut aussi être faite par le médecin traitant, un formulaire existe à cet effet.
Le statut légal de proche aidant ouvre à des droits. Une fois le statut obtenu, vous pouvez faire la demande d'un congé, les conditions diffèrent selon que vous soyez du secteur public ou du secteur privé. Je vous invite à aller voir plus précisément ce qui correspond à votre situation professionnelle en allant sur le lien suivant du Service Public.
Le droit au répit et autres soutiens
Un autre droit à connaître et à faire valoir : le droit au répit. Un des plus grands dangers du rôle de proche aidant est l'épuisement. Il s'immisce dans le corps sans même un mot, parfois sans même des maux. Au service de l'autre, c'est vite fait de se perdre de vue. Souvent la comparaison des situations s'invite et le verdict reste que l'autre a plus besoin, le pauvre ! Mais demandez-vous ce qu'il adviendrait de tout ce que vous avez mis en place pour l'autre, ce qu'il adviendrait de l'autre si vous vous écroulez…
Une aide est possible, après étude du dossier par le Conseil départemental et une visite médico-sociale à domicile. Elle permet le financement de solutions annexes pour favoriser le repos des aidants et pour leur permettre de libérer du temps pour leurs propres activités.
Vous trouverez des informations supplémentaires sur le site du gouvernement
Accès à la formation et reconnaissance des acquis
Encore deux droits, celui à l'accès à la formation pour vous permettre d'acquérir des compétences et des connaissances dans le domaine de l'aide. Et celui de la reconnaissances des acquis en lien à votre expérience d'accompagnant.
Le sujet vous concerne ou vous intéresse, ici vous retrouverez un guide complet en cliquant ici.

En quoi une thanadoula peut aider un proche aidant ?
Le rôle de proche aidant est très prenant, l'affectif vient ajouter des enjeux parfois inconscients au lien existant et surtout au lien qui se modifie peu à peu au fil du temps.
Des difficultés peuvent survenir à différents niveaux et la thanadoula prend le relais ou se pose en soutien dans certaines tâches.
Soutien organisationnel et psychologique
Au niveau organisationnel, il est souvent difficile de concilier l'aide et le travail ou encore l'aide et la vie familiale. Accepter de prendre se rôle demande de trouver du temps soit sur le temps libre, soit en prenant sur le temps dédié à la famille ou au travail, cela peut aussi impacter les finances (modification du temps de travail, coût des trajets etc.).
Afin d'éviter le surmenage, la thanadoula peut vous soulager au niveau du temps de présence, dans la coordination des divers prestataires, dans la l'anticipation du décès avec les services de planification, dans les recherches de ressources externes…
Au niveau psychologique et émotionnel, les difficultés peuvent porter sur la place laissée aux notions de mort et de deuil, sur le fait de faire face à la souffrance et à la dégradation du proche, faire face à sa propre impuissance, sur la place laissée aux autres relations sociales et après le décès, le vide encore plus grand qui peut mettre face à un sentiment d'inutilité.
Afin d'éviter un état dépressif et une présence accrue d'anxiété, la thanadoula peut être à l'écoute de vos ressentis et vous accompagner dans l'expression de vos émotions aussi bien pendant la fin de vie de votre proche que dans l'après. Elle vous rappelle de ne pas oublier de prendre soin de vous, de votre importance dans ce qui est mis en place et surtout sur votre droit à la vie, même en dehors de votre relation au proche aidé.
Au niveau physique, les difficultés les plus souvent rencontrées sont liées au manque de sommeil, au port de charges lourdes sans omettre l'oubli de soi déjà mentionné à plusieurs reprises.
Ainsi vous éviter l'épuisement, voilà une des raisons de la présence d'une thanadoula.

Proche aidant et thanadoula
Intervention de la thanadoula dans le cadre de l'accompagnement
Parfois il arrive que la famille ne puisse ou ne souhaite pas prendre ce rôle d'aidant, il n'y a pas d'obligation. Il est indispensable de prendre le temps de réflexion car cet engagement n'est vraiment pas anodin et à impact évident avec l'aidé et avec les autres membres de la famille ou de l'entourage. Ainsi, il est parfois préférable pour certains de conserver la relation de présence dans ce qu'elle est permettant ainsi de la préserver et de préserver l'ensemble de l'environnement familial du proche.
Il arrive aussi que la personne qui ait besoin d'aide ne souhaite pas que ce rôle soit pris par un proche. Elle ne veut pas être une charge pour ses proches pensant que ce qu'elle vit génère assez de bouleversements dans leurs vies.
C'est très important de respecter ce choix, il relève de l'ordre du consentement.
Dans ces deux cas, nous, thanadoulas pouvons prendre cet accompagnement à notre charge. Les services sont alors établis selon les besoins de la personne demandeuse et de la famille.
Enfin, nous pouvons aussi intervenir selon les besoins spécifiques et ponctuels du ou des proches aidants. C'est alors dans notre complémentarité que nous apportons un environnement harmonieux pour votre proche.
Témoignage d'une proche aidante et impact sur la vie quotidienne
« Je suis là dès qu'il a besoin, je l'aide quand il est en crise et ne peut se déplacer seul. Je le soutiens quand il n'a pas le moral et que l'avenir lui paraît si sombre. La nuit, je l'aide à se tourner plusieurs fois dans le lit et je l'accompagne aux toilettes. Le matin, c'est difficile de se lever pour aller travailler et de me dire que je le laisse seul pour la journée. Je suis épuisée, j'essaie de m'accorder un peu de temps mais il a besoin de moi. Le souci est omniprésent, il ne me quitte pas mais il a besoin ». Laetitia B (échange lors d'une séance d'accompagnement).

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