Que faire quand on sait que la fin de vie est proche ?
- Sylvie, Thérapeute, Thanadoula Palliathérapeute
- 28 avr.
- 6 min de lecture

Imaginez un instant que vous recevez une nouvelle bouleversante : il ne vous reste que quelques semaines ou quelques jours à vivre. Comment réagiriez vous ? Que feriez-vous de ce temps précieux ? Cette question bien que difficile je l'avoue, nous pousse à réfléchir sur ce qui compte vraiment dans nos vies. Elle nous amène aussi à revoir nos priorités.
Lorsque nous prenons conscience et que nous sommes confrontés à l'idée que nos jours sont comptés -comme on dit-, que la mort est proche, cela provoque un mélange d'émotions, voire une explosion d'émotions notamment la peur, la tristesse, la colère aussi. Bien accompagné, cela peut amener à une profonde réflexion sur ce qui est vraiment important.
Dans mon parcours personnel et mon accompagnement professionnel, cette question revient souvent : « que souhaiteriez-vous faire ? ».
Je vous partage quelques retours recueillis ici et là, quand le temps accordé est accueilli comme un cadeau, une chance et un privilège.
Passer du temps avec les êtres chers quand la fin de vie est proche
Pour beaucoup, la priorité est de passer du temps avec les êtres proches et aimés. Dans ces moments là, le temps partagé avec la famille et les amis prend une valeur inestimable. Dans cette idée de partage, ce temps est consacré à dire ce qui n'a jamais été dit, à pardonner et aussi à créer des souvenirs inoubliables qui viendront accompagner et adoucir le « après ».

Renforcer les liens
Certains préfèrent, face à la souffrance et au malaise créés par la situation, prendre de la distance mais généralement, les personnes concernées par la fin de vie prennent le temps de discuter, de rire et de partager des moments précieux avec ceux qu'ils aiment. Ces interactions se vivent comme des échanges d'exception qui viennent renforcer, parfois révéler la force, des liens et créer des souvenirs.
Créer des souvenirs
Ces souvenirs peuvent être matérialisés par un album photos, une vidéo, une œuvre commune, des lettres réciproques. Cela permet de garder l'empreinte de ce qui a été vécu de beau dans cette étape de vie douloureuse. Certains veulent organiser des sorties, des activités, naturellement adaptées. Ils cherchent à graver la mémoire de chaque personne présente à cet instant et laisser une empreinte de joie et de lien heureux.
Exprimer ses sentiments
Ceci est parfois plus délicat, dire « je t'aime », « merci », « pardon » et même « au revoir » et pourquoi pas y associer une anecdote. C'est pourtant souvent favorable à un apaisement, à un soulagement. C'est aussi bénéfique aux relations dans lesquelles cela se pose. C'est très émouvant d'accompagner cette démarche et je le constate, c'est tellement profitable pour ceux qui restent dans leur façon de vivre le deuil.
La fin de vie est annoncée, réaliser un rêve
Certains choisissent de réaliser un rêve, parfois longtemps repoussé ou oublié. Il ressurgit alors comme un cri du cœur. D'autre fois, la surprise s'invite à désirer simplicité et familiarité, comme passer une journée à faire ce qu'on aime le plus ou se vivre à son rythme, au calme. D'une façon comme d'une autre, l'importance se pose ici dans « vivre » pleinement ces derniers instants de vie.

Voyager
Oui, certains le font, partir à la découverte d'un lieu qu'ils ont toujours rêvé de visiter. Bien sûr, les paramètres de temps et de conditions physiques sont à prendre en compte mais cet élan peut aussi être un facteur de motivation à vivre une expérience enrichissante et pour quelques-uns libératrice.
Aventure et expérience
Cela paraît un peu fou et souvent l'entourage reste perplexe face à cette dernière volonté du mourant mais pourquoi pas ? Sauter en parachute, nager avec des dauphins, se retrouver face à l'immensité de la mer ou des chaînes de montagnes etc. Cette envie vient parler d'un besoin d'évasion et de pouvoir vivre encore intensément ce que nous décidons de vivre.
Projets personnels
Un certain nombre de personnes voient l'occasion de terminer des tâches, de planifier le « après » leur mort, finir un projet artistique, d'écrire un livre et même d'apprendre de nouvelles compétences. J'ai déjà entendu qu'une personne avait souhaité se marier en premier lieu pour ancrer à jamais le lien d'amour en second lieu pour la succession et les droits accordés aux époux.
Laisser une trace avant la fin de sa vie

J'en ai déjà parler ci-dessus, le souhait associé à certains gestes symboliques permet de transmettre une part de soi aux générations futures et aux proches. Précieuse et touchante transmission !
Écrire une lettre, un journal ou enregistrer un message vidéo ou audio
Ces supports là offrent de partager des pensées, des anecdotes, des conseils. Les personnes qui choisissent de faire cela sont dans une démarche d'offrir de soi. C'est une façon aussi de rester présent et vivant dans la vie des proches. Dans l'accompagnement de planification et de création de legs émotifs, nous créons cela à l'attention des proches. Ce qui m'émeut, c'est quand les personnes me demandent de programmer la distribution des legs : à Noël, à la naissance (parfois des années après le décès) d'un premier petit enfant, à un mariage etc.
Créer une œuvre d'art
Les médiums artistiques laissent une empreinte durable également. Peindre, sculpter, composer une musique, écrire une chanson, tant de possibilités pour témoigner du lien d'amour et de l'affection portée.
Planter un arbre
C'est un acte symbolique simple qui est fréquent. Il représente la continuité de la vie, la vie qui s'épanouit et dont nous prenons soin. C'est un processus qu'il est important d'accompagner comme pour tous les actes liés au vivant. Car la vie reste imprévisible. Ainsi l'arbre peut ne pas grandir, s'épanouir, il peut même mourir. C'est à prendre en considération et j'amène toujours cette réalité et cette conscience quand ce rituel est choisi.
Fin de vie, que faire ? Faire du bien autour de soi
Quand le corps le permet, aider les autres reste essentiel pour les personnes se sachant en fin de vie. Cela peut apporter un sentiment de plénitude et d'accomplissement. Ces actions altruistes donnent un sens profond à ce dernier bout de chemin de vie.

Donation
C'est une option considérée. La personne contribue financièrement à des associations ou des projets caritatifs pour soutenir des causes qui lui tiennent à cœur. C'est une option appréciée par les personnes à mobilité réduite et qui se veulent encore partie prenante de ce qui les entoure et compte pour elles.
Acte de gentillesse
Il y a aussi ces petits riens qui changent tout, ces gestes au quotidien qui ont un grand impact sur les autres. Ils apportent une grande satisfaction à la personne en fin de vie car elle se sent encore capable d'être utile et d'être une ressource pour l'autre.
Fin de vie, un temps pour se réconcilier avec soi-même
Le temps accordé pour une fin de vie annoncée est l'occasion pour beaucoup aussi de faire le point sur leur vie, de se pardonner leurs erreurs, se féliciter de leurs réussites et de se préparer sereinement à l'inévitable, la mort.

Méditation et réflexion
Dans sa propre sensibilité et sa croyance, la méditation et la prière, le ressourcement offrent du temps pour se recueillir et s'apporter une paix intérieure. On pourrait croire qu'il va de soi que du temps, les personnes en fin de vie en ont mais leur quotidien est rythmé de nombreux impératifs souvent médicaux ou de convenance.
Pardon et acceptation
C'est fondamental pour certaines personnes de pouvoir se pardonner ses propres erreurs et d'accepter son parcours. Ceux qui entreprennent cette démarche se libèrent d'une certaine culpabilité et peuvent poser un regard bienveillant sur eux-mêmes.
Préparation spirituelle
Les personnes selon leurs croyances vont rentrer dans des temps de prière, de méditation, participer à des rituels spirituels en quête de réconfort.
Profiter des petits plaisirs pour une fin de vie apaisée
Je parlais des petits riens qui changent tout, ici je parlerais de ces petites choses qui comptent le plus. Souvent imprégnées de simplicité, elles illuminent les journées.

Gastronomie
Un bon repas peut paraître peu de chose mais savourer son ou ses plats préférés en sachant que cela peut être la dernière fois amène une découverte nouvelle des saveurs et du plaisir. C'est souvent ce dont témoignent les fins gourmets de la fin de vie, avant pour certains de se déconnecter de ce plaisir, cette envie et même ce besoin, celui de s'alimenter.
Nature et détente
Passer du temps en pleine nature, se promener ou simplement se détendre dans un cadre apaisant, c'est un retour aux sources que beaucoup s'accordent. Je dirais « simple et efficace ».
Voici donc quelques exemples de ce que les personnes sachant qu'elles vont mourir bientôt veulent faire et font -pour certaines- sur ce temps accordé. Naturellement, l'état physique dans lequel elles se trouvent définit ce qui est accessible.
Ce que je retiens de tout ça, c'est que, très souvent, la mort changent profondément la réalité, nos réalités, nos certitudes, nos priorités mais aussi notre perception des goûts, des couleurs, des odeurs… chaque chose devient une « chose d'exception » ! En tant que Thanadoula, j'accompagne à définir, organiser et encadrer tous ces moments de vie, ces moments d'exception, précieux, si précieux.
Alors oui, bien sûr savoir que la fin de vie est proche est source d'angoisse, mais c'est aussi l'opportunité de vivre intensément, c'est l'occasion d'une réflexion profonde sur ce qui compte vraiment. Chacun a sa propre manière de faire face à cette réalité, l'important est de rester fidèle à soi-même et de chérir au mieux chaque instant.
Et vous que feriez-vous si vous saviez qu'il ne vous reste que quelques jours à vivre ?

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