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Créer son tambour au Kenya, un retour à soi.

Groupe de 11 personnes en cercle autour de grandes tables en bois, en pleine nature dans la forêt Maasaï au Kenya, tenant des cadres de tambours chamaniques en cours de fabrication lors d’une retraite animée par Sylvie Di Scala au Camp Neloïta.
Crédit photo Nenkaï


Il y a des terres qui nous appellent. Des lieux dont notre âme se souvient avant même que nos pieds ne foulent le sol.

La terre Maasaï, au cœur du Kenya, est pour moi de cet ordre-là.

En Juin 2025, j'y suis retournée pour accompagner la naissance de 11 tambours chamaniques . Je suis retournée au Camp Neloïta un an et demi après avoir co-créée et co-animée la retraite Human avec Emmanuelle Guiard-Paulos.

C'est dans cet écrin puissant et vibrant de la forêt Naimina Enkiyio que ce voyage a marqué une étape importante pour moi : la dernière création collective de tambours chamaniques programmée.

Une clôture pleine de sens, un cycle qui se termine, une porte qui s'ouvre.

Un départ comme une traversée


Le 8 juin, à 7h du matin, nous avions rendez-vous devant le Boma Inn, un hôtel où les 11 participants de la création s’étaient retrouvés un jour avant. Onze car l’une d’entre nous avait dû annuler son voyage, mais nous savions tous qu’elle était là autrement, dans le cœur du groupe. Pour immortaliser ce rendez-vous avec soi, Oliana – Or-photographie -, sa sensibilité et sa puissante présence. Son regard sincère et son cœur d'artiste, je le sais, feront vivre longtemps l'expérience et accompagneront le processus engagé en terre africaine.


C'est donc à treize que nous partions pour l'aventure !

Deux jeeps nous attendaient, celle de James et celle de Monposhi, pour nous emmener au camp Neloïta. Nous nous séparions donc le temps du transfert. Huit heures, marquées par la variété des paysages : d’abord la voie rapide qui sort de Nairobi, puis les reliefs de la vallée du Rift avec ses aléas et ses vues vertigineuses, ensuite la petite route jusqu’à Narok pour une pause déjeuner, et enfin la piste de terre rouge, qui devient petit à petit un chemin de forêt. Ce chemin nous mène jusqu’au camp, niché en pleine nature, à plus de 2500 mètres d’altitude.


En chemin, les sourires des enfants, la végétation dense, les échoppes colorées, les troupeaux de zébus et les babouins curieux… les zèbres, les gazelles, les oiseaux… Tout était là, comme dans un rêve. Je reconnaissais chaque virage, chaque arbre, chaque colline, chaque détail. L’émerveillement était cependant intact, avec une sensation de reconnaissance profonde. Comme si tout en moi savait, une mémoire ancienne, vivante, inscrite dans chacune de mes cellules.



Un lieu pour se déposer


Le camp Neloïta, au cœur de la forêt de l’enfant perdu, allie tout ce qu'incarnent mes accompagnements : la beauté, la simplicité, le confort juste, la sécurité, et l’humanité. Ce lieu m’accueille dans ma dualité assumée : « sauvage civilisée ». C’est un espace de dépouillement et de reliance, propice à la création, à l’écoute, à la transformation.


Pendant une semaine, nous avons vécu sans réseau, loin de tout, mais si proches de l’essentiel.


Clairière du Camp Neloïta au Kenya, avec feu de camp éteint entouré de troncs en guise d’assises, cabanes traditionnelles Maasaï en arrière-plan et arbre sacré marquant le lieu de rassemblement des retraites chamaniques animées par Sylvie Di Scala.
Neloïta Camp

Le camp Neloïta est à mes yeux un lieu rare. Il représente le lieu parfait pour éclore.

Nous avons profité de ce cadre idéal, loin des stimulations extérieures habituelles pour opérer un rapprochement avec nous-mêmes, une plongée intérieure profonde sans mensonge, sans fard.

Nous avons été soutenus, aidés, portés par la joie et la bienveillance de chacun des Maasaï présents au camp. Nos rires, nos regards, parfois comme seule communication, un anglais approximatif d'autres fois et quelques mots de Maa.

Nous avons également été considérés par Nenkai et Memusi dans leurs propositions.



Créer son tambour, rencontrer sa nature instinctive


Chaque matin, le groupe se rassemblait. Le temps était dédié à la confection des tambours. Le processus avait commencé en amont : choix du cadre, de la peau, des liens. L'énergie créatrice était déjà en mouvement avant même notre arrivée. Sur place, les bois pour les mailloches avaient été choisis dans la forêt (cèdre, olivier sauvage), taillés pour certains par Kone, un des Maasaï toujours présent au camp, conservés dans leur forme brute pour d'autres.


Ce geste de création, profondément incarné, devenait à chaque étape un rituel puissant : un acte d'amour.

Ce travail dans la matière nous reliait à nos mains, à notre corps, à notre puissance intuitive. Chaque tambour portait son histoire, donnant naissance à une vibration unique. Chaque participant façonnait à son rythme cette part de lui-même souvent laissée de côté : sa nature instinctive, libre, sauvage.


L'énergie créatrice au service de l'expression de soi. Le lien, l'amour, la joie, la communication, tout s'invitait dans une simplicité déconcertante. La création de tambours chamaniques est un processus bouleversant, le vivre sur cette terre, dans cet espace où seul le présent existe et plus que bouleversant, il est d'une intensité insoupçonnable et je n'ai pas de mots pour vous expliquer, seule mon émotion au moment d'écrire ces lignes en est le témoin.


La création était accompagnée des enseignements de Nenkaï sur les 4 clés de la sagesse Maasaï. Cette alliance de nos deux visions, si proches, était née de notre rencontre lors de la retraite Human et plus précisément lors de la création individuelle de son tambour chamanique. La résonance comme une évidence. Tout avait été magique : la rencontre et la connexion aux matériaux, la cérémonie de l'eau, le tissage, la création de la mailloche, la cérémonie du feu et la rencontre officielle avec son tambour.


Cercle de tambours chamaniques fraîchement créés posés au sol, entourés de participantes et d’enseignants lors d’un rituel en pleine nature au cœur de la forêt Maasaï, durant une retraite guidée par Sylvie Di Scala au Kenya.


L'enseignement des 4 clés de la sagesse Maasaï


Tout au long de la semaine, les temps de création étaient nourris par les enseignements de Nenkaï sur les quatre clés de la sagesse Maasaï. Je vous les partage ici, tant elles font écho à mon propre cheminement d’accompagnante :


  • L'équilibre intérieur

  • L'acceptation (la souffrance est un don)

  • La joie (s'aimer soi pour aimer les autres)

  • Le jardin intérieur à cultiver


Ses paroles simples et profondes venaient soutenir le processus engagé par chacun. Elles renforçaient notre lien à nous-mêmes, au groupe, à la terre, à ce qui nous dépasse aussi. Elles renforçaient également ce que j'accompagne au quotidien dans mon métier de thanadoula : la réconciliation avec ce qui est. La vie, la mort, la perte, l'adaptation, l'élan… tout est relié.



Des temps forts tissés de rituels et de silence


Plusieurs cérémonies ont jalonné la semaine : celle de l’eau, du feu, du tissage. Mais l’un des moments les plus touchants fut sans doute la rencontre officielle avec son tambour. Lors d’une veillée, chaque participant avait tendu son tambour à un Maasaï. Ces hommes, dans une spontanéité surprenante, s'étaient mis à jouer. Les rythmes résonnaient dans la nuit, le feu dansait, les regards se croisaient, les cœurs battaient à l'unisson.

Il n’y avait plus de frontières. Seulement des êtres humains, reliés par la vibration.


Rien à prouver. Tout à partager.

Moment de partage entre deux femmes assises dans l’herbe au cœur de la forêt Maasaï au Kenya, l’une vêtue d’une tenue traditionnelle rouge et parée de perles, l’autre en tenue décontractée ; échange interculturel capturé durant une retraite animée par Sylvie Di Scala.


Ce voyage, pour moi…

Une clôture symbolique, une ouverture intérieure


Ce voyage fut une confirmation intérieure. Celle de ma sécurité, de ma reliance à la vie, de mon alignement. Il m’a permis de refermer un chapitre professionnel avec douceur, et d’ouvrir l’espace entier de mon engagement d’accompagnante. Thanadoula, aujourd’hui, pleinement.


Mais plus encore, il m’a rappelé ce que je transmets depuis des années : à chaque pas, c'est bien soi que nous venons rencontrer, ce « soi » bien enfoui, perdu, bâillonné parfois, enfermé par notre contrôle… alors quand la rencontre a lieu, c'est un feu d'artifice intérieur, il éclaire tout, il anime et réanime chacune de nos cellules… parfois le bruit peut être assourdissant mais si nous tendons l'oreille, nous entendons : « VIVANT ». C'est la prise de conscience la plus fréquente, la plus puissante.

Pourquoi nous sentons-nous vivant ? Parce que nous accueillons et vivons notre dualité, dans ce qu'elle est à mes yeux, une merveilleuse complémentarité. Vivant parce que « complet » ?!


Ce voyage marquait pour moi, la fin d'un cycle. C'était la dernière fois que j'accompagnais une création collective de tambours chamaniques.

Le cœur paisible, je laisse cette place pour me consacrer pleinement à ce qui m'anime aujourd'hui : l'accompagnement de la fin de vie, le deuil réel et symbolique. Je laisse se dessiner la suite naturelle de mon chemin de vie.

Mais plus encore, cette semaine fut pour moi une expérience de pleine sécurité intérieure. Celle qui ne dépend pas d'un lieu ou d'un contexte, mais qui naît d'une relation juste à soi, aux autres, à la vie.


Et après ?


Je pourrais vous parler des paysages, des sons, des silences. Mais il y a des expériences qui échappent aux mots. Le plus souvent, ceux qui reviennent de là-bas ne disent qu'une chose : « je me sens vivant ». J'ajoute qu'être vivant est bouleversant, enivrant

parfois déstabilisant.

Parce que dans cet espace hors du temps, la dualité cesse d'être un problème et devient une richesse ; parce que l'on retrouve un sentiment de complétude ; parce qu'on accepte de ne plus tout contrôler… quelque chose en nous s'allume, s'anime et vibre fort.

Le retour n'est pas toujours simple. Partir de là-bas reste, pour certains, compliqué, car le départ se pare de la sensation de « se laisser », peut-être même s'abandonner.


Deux participantes étaient restées à Narok pour prolonger leur séjour et partir en safari dans le Maasaï Mara. Les autres, comme moi, avaient repris la route du quotidien, bouleversés, transformés.


Sentier de terre traversant la forêt luxuriante du camp Neloïta au Kenya, bordé d’arbres majestueux dont l’un forme une arche naturelle, symbolisant le passage et l’introspection lors des retraites chamaniques guidées par Sylvie Di Scala.

Nous nourrissons parfois la croyance que ce que nous avons vécu là-bas n’est possible que là-bas. Mais je crois, profondément, que le chemin nous menant à notre jardin intérieur reste connu, reconnu, et accessible. Il est important d'en prendre soin pour ne pas laisser les ronces le rendre impraticable, voire le faire disparaître.


Le jardin intérieur que nous avons foulé existe réellement. Il est en nous. Il est à reconnaître à sa juste place. Il est à cultiver et à garder vivant et vibrant.

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2 Comments

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Guest
Jun 30
Rated 5 out of 5 stars.

Certes il n'y a pas de mots pour décrire ce que nous avons vécu, mais tout de même ceux que tu poses résonnent de par leur justesse et tracent un peu de la puissante subtilité vécue là-bas. Merci du fond du coeur pour ta présence, tu participes à toute la résonnance de cette expérience ❤️

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Merci beaucoup pour ton commentaire. Tes mots aussi, tout comme ta présence, me touchent profondément. Nous partagerons bien d'autres aventures, je n'en doute pas. Encore merci !

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